Habbah, 1963
 
 

Abraham Habbah est né à Bagdad en 1927 dans une famille juive. En 1950, après avoir obtenu le diplôme de l’Institut des Beaux-Arts de Bagdad, il quitte l’Irak, se rend d’abord à Téhéran, puis rejoint Israël et s’installe à Jérusalem. C’est alors qu’il va renoncer définitivement à la peinture (sans abandonner le dessin) pour se consacrer à la sculpture, avec pour matériau favori le cuivre rouge qu’il coupe, plie et martèle.

Début 1954, il expose au Musée Bezalel à Jérusalem puis, doté d’une bourse, il part pour l’Italie et séjourne pendant près de huit mois à Florence, tout en visitant d’autres villes de la péninsule. À l’automne 1954, il participe à la Xème Triennale de Milan.

 

l’enfant, 1962
 

Habbah arrive à Paris en 1955 et va s’y installer définitivement. Il expose d’abord ses cuivres dans la galerie du Haut-Pavé qui le met en 1956 en contact avec la galeriste Iris Clert, qui jouera un rôle considérable pour lui, et avec qui il commence une longue collaboration. Elle exposera ses œuvres dans sa galerie de la rue des Beaux-Arts et plus tard dans sa nouvelle galerie du Faubourg Saint-Honoré. Elle aimait l’appeler le sculpteur de Bagdad. Il travaillera également de 1958 à 1961 avec le galeriste-restaurateur Camille Renault qui mettra à sa disposition un espace pour travailler à Broué (Eure-et-Loir), jusqu’à ce qu’il trouve son atelier à Ménilmontant qu’il ne quittera plus.

En 1960, Habbah participe à l’exposition Art israélien contemporain au Musée national d’Art moderne de Paris. En 1962, Il expose dans la galerie du Haut-Pavé qui accueille un grand nombre de jeunes artistes et participe au Salon de la Jeune Sculpture à Paris. À partir de 1961, Habbah prend part à de nombreuses manifestations organisées par la galeriste Iris Clert, souvent avec les Nouveaux Réalistes, notamment à la Piccola Biennale au Palazzo Papadopoli à Venise (1962), à la Grande Quinzaine Fiscale à Paris (1963), à la Biennale Flottante à Venise (1964), à une exposition de groupe aux U.S.A. pendant la Quinzaine Française (1966)… Il se lie alors d’amitié avec Raymond Hains, René Brô, Roy Adzak et d’autres artistes, mais il ne fera partie d’aucun groupe ni d’aucun courant. Longtemps, Habbah réalise ses œuvres en utilisant essentiellement le cuivre. En 1964 il découvre aux marchés aux Puces de Clignancourt, de Montreuil et de Vanves, de vieux couverts, fourchettes et cuillères, qu’il détourne de leur fonction quotidienne : c’est désormais son nouveau matériau de prédilection et un nouveau langage.

 

le figaro littéraire, 1966
 

En mars 1966, Habbah bénéficie alors d’une grande exposition personnelle dans la galerie d’Iris Clert : Habbah, le sculpteur de Bagdad, qui donne lieu au numéro 24 de la revue de la galerie Iris Time Unlimited, avec des textes de Claude Rivière et de Brô.

 

iris.time n° 24 , 1966
 

À partir de 1968, toujours en collaboration avec Iris Clert, ses sculptures sont présentées à Bruxelles ainsi qu’à Milan chez Arturo Schwartz et Renato Cardazzo. Puis, en 1970, Habbah voyage en Turquie et séjourne en Iran pendant trois mois, où, à Téhéran, les galeries Negar et Ouaida exposent ses œuvres. L’argentier Christofle lui organise une exposition de prestige en 1972 : Découverte des couverts, et l’exposera ensuite en 1973 lors d’une exposition itinérante avec d’autres artistes au Palazzo Grassi à Venise. Durant les années 1960, 70 et 80, il passe tous les ans plusieurs mois en Italie où il travaille à Venise avec le soutien du poète et critique d’art Berto Morucchio. En 1984, il part pour quatre mois à New-York, où ses travaux sont présentés dans deux galeries.

 

 

Habbah, 1975

 

En 1986, la galerie 1900-2000 l’expose pendant un jour à la FIAC de Paris. Cette même année, Iris Clert meurt à Cannes; Habbah participe alors, avec tous les artistes de la galeriste, à l’exposition consacrée à sa mémoire à l’Acropolis de Nice. En 1990, il est exposé à la galerie Lara Vincy, et en 1996 a lieu la dernière exposition de ses œuvres de son vivant à la galerie Voutât à Vandœuvres, Genève.
Habbah meurt à Paris en 1998. Le Passage de Retz lui consacrera une rétrospective en 2004 : Habbah, Le grand Maître des petites Figures.

En 2018 son travail est exposé en Israël au Ashdod Art Museum : Habbah, Baghdad-Paris

 

 
catalogue d’exposition Habbah, Ashdod Art Museum, 2018